La rencontre régulière d’un chercheur, Armel Cretual avec l’équipe pédagogique du collège Théophile Briant et la compagnie Kali&Co, enrichira le travail sur la marche, d’un point de vue scientifique, pédagogique et artistique.
Armel Cretual est enseignant-chercheur en sciences du mouvement à l’UFR APS et membre du laboratoire M2S (Mouvement, Sport, Santé, EA 1274). Il interviendra régulièrement durant le processus de création pour accompagner le travail et les élèves dans les différentes étapes de leur exploration de la marche.
Travaux de recherche
« Mes travaux sur la marche peuvent être classés en quatre axes. Le premier sur lequel j’ai travaillé est en recherche appliquée et portait sur la quantification de la marche pathologique. Mais désormais dans le domaine clinique je m’intéresse plus à la motricité du haut du corps. Pour l’ensemble, ce sont des travaux de recherche un peu plus fondamentale sur la compréhension motrice. Le principal, depuis 12 ans, porte sur la génération des trajectoires locomotrices. Cette recherche se fait par une démarche expérimentale : mesure des effets d’une situation que nous avons en partie contrôlée. L’outil de mesure de la motricité que nous utilisons le plus souvent est un système de capture de mouvement. Il permet grâce à des marqueurs placés sur des points d’intérêt du corps (généralement toutes les articulations principales) de mesurer en 3 dimensions les mouvements du corps humain. » (Armel Cretual)
Compréhension des trajectoires locomotrices dans des situations interactives
« Le cas le plus simple d’une interaction entre piétons est celui de deux piétons qui se croisent et doivent modifier, même légèrement, leur trajectoire pour éviter une collision. En nous appuyant sur une étude expérimentale en situation réaliste, nous avons montré que les piétons perçoivent très rapidement qui des deux est légèrement en retard ou au contraire en avance par rapport au piéton protagoniste. La stratégie coopérative implicite est alors asymétrique, le piéton cédant le passage faisant une plus grande part de l’évitement que celui passant en premier. Cela pourrait s’expliquer par l’asymétrie de l’espace personnel lorsqu’on se déplace qui est alors étiré vers l’avant, dans le sens du déplacement.
Ce modèle générique a été testé en réalité virtuelle (un piéton réel croise un piéton virtuel) afin de contrôler parfaitement le stimulus reçu par le piéton réel et mieux comprendre les informations visuelles qu’il utilise.
Nous avons également testé sa robustesse avec des populations pouvant présenter des légères déficiences perceptives. Ainsi, des sportifs ayant eu une commotion cérébrale dans les mois précédents et jugés aptes au retour sur le terrain ont pourtant des difficultés à réaliser de manière aussi efficace cette simple tâche de croisement de piétons. Et nous l’avons enfin testé lorsque, plus seulement deux piétons sont impliqués, mais plusieurs piétons (de 3 à quelques dizaines). » (Armel Cretual)
Lors de sa première intervention, nous pourrons utiliser son dispositif de capture du mouvement et bénéficier de son expertise et de ses explications à ce sujet. Les élèves seront plongés au cœur même du processus de recherche scientifique, matériellement et corporellement. Tour à tour expérimentateurs et marcheurs, ils auront alors une vision plus globale et complète de l’expérimentation et donc des clés de compréhension plus nombreuses et plus fines.
De plus, ce travail sera réutilisable en cours évidemment, mais aussi au plateau, que ce soit par la diffusion des images captées (réelles ou modélisées ) ou pour l’écriture de scènes en collaboration avec les élèves, suivant ce qu’ils auront éprouvé, et les idées qui découleront de cette séance à l’évidence particulière !
Armel Cretual reviendra régulièrement durant le processus de création pour accompagner le travail et les élèves dans les différentes étapes de leur exploration de la marche.
Delphine Lefeuvre (Français) et Julien Aubin (sciences physiques), collège Théophile Briant – Tinténiac