Les thématiques proposées par les enseignants du Collège Mathurin Méheut à Melesse étant la trajectoire, le référentiel, la vitesse, la chute libre, ces pistes nous donne à penser le rapport des corps face à leurs environnements. Sur le plan artistique, ces thèmes évoquent différentes échelles de perceptions de l’espace et du mouvement : comment notre corps avec ces sens (points de vue visuel, sons…) perçoit les mouvements ? “L’homme est la mesure de toute chose” disait Protagoras. Dans l’objectif de la création d’un spectacle, nous imaginerons ensemble comment répondre à cette question par la mise en application théoriques des sciences physiques et l’expérimentation corporelle de l’éducation physique et sportive.
Quelle est la sensation liée au mouvement du corps dans son environnement spatial ? En passant par le principe d’incertitude d’Heisenberg (on ne peut pas connaître de manière simultanée la vitesse et la position d’une particule dans l’espace) à celui de l’entropie (dans un système isolé, l’énergie a tendance à se disperser le plus possible), nous mettrons le corps à l’épreuve.
Différentes expériences de physique comme l’effet Doppler (modification de la fréquence d’une onde lorsque la source émettrice et le récepteur sont en mouvement relatif) pourront être proposées.
Dans le cas des ondes sonores, sa conséquence bien connue est le changement de son d’une sirène d’ambulance qui passe rapidement devant nous. Lorsque la sirène se rapproche, la période du son diminue et celui-ci devient plus aigu. Lorsqu’elle s’éloigne, la période s’allonge et le son devient plus grave.
Pour un observateur immobile (référentiel terrestre), le bruit émis par une voiture n’est pas le même quand celle-ci se rapproche ou s’éloigne.
L’effet Doppler peut être utilisé pour mesurer la vitesse des véhicules sur la route, la vitesse de circulation du sang (échographie doppler) ou encore la vitesse d’éloignement ou de rapprochement des étoiles. Ces visualisations scientifique s’incorporent les unes dans les autres de l’infiniment grand vers l’infiniment petit à la manière de « puissance de dix » (Power of Ten) de Charles and Ray Eames.
La persistance du mouvement : les traces des corps
Ces visions inspirent aussi la trace virtuelle ou non-trace, autant de questions sur notre perception de l’environnement physique visible et invisible. Au-delà du référentiel terrestre, quelle serait l’appréhension du corps dans l’immensité de l’espace ? Comment les corps s’attirent entre eux? Quelle est la vitesse de nos corps par rapport au centre de la galaxie ? L’espace de scène et à la scénographie deviendront le référentiel de la représentation.
Interaction des corps et de l’espace
Vertige, chute, élévation, quelle sensation peut-on créer visuellement pour donner l’effet de lévitation ou d’apesanteur ? Qu’est-ce que la gravité, et en son absence comment ressentirions nous nos corps ?
Projetons les perceptions sensorielles liées au référentiel terrestre et imaginons la soudaine absence de gravitation.
Les traces numériques, la géolocalisation, la furtivité
Toutes les données numériques (via les applications, les capteurs) laissent des traces de nos mouvements. Quelles interactions existent entre le corps absent, le corps coupé du présent et leurs visualisations physiques ?
A l’heure du tout numérique, sommes-nous devenus de simples coordonnées dans les représentations de données ? Est-il possible de disparaître des radars ne serait-ce qu’un instant ? Quels impacts ont ces représentations sur la conscience de notre présence réelle ? Ces questions mettent en évidence les vertus de l’errance et celle de la furtivité face à l’identité virtuelle et la surveillance.
La narration, le séquençage : notion d’échelle.
La narration pourra être imaginée à différentes échelles, que nous soyons dans l’infiniment petit ou l’infiniment (référence de « puissance de dix » de Charles and Ray Eames). Nous projetterons ainsi le spectateur dans des échelles différentes afin d’inscrire la petite histoire dans la grande et de faire varier les rapports d’espace et la distance avec nos propres paradigmes quotidiens. Ce prisme narratif peut nous permettre de passer d’une séquence à l’autre.
Mitch Fournial et Morgan Daguenet, collectif La Sophiste