C’est aujourd’hui le démarrage du projet d’une classe de 3e du collège Pierre Olivier Malherbe de Chateaubourg. Après une présentation du contexte du projet par l’Espace des sciences, les artistes Léa Taupin et Antoine Zavattero de la compagnie Quercus Erraticae présentent leur travail.
Léa et Antoine accompagneront la création artistique des élèves sur l’invisibilité des femmes en science, au travers de portraits de femmes choisies par les jeunes. On a tendance à oublier les travaux majeurs d’un grand nombre des femmes scientifiques.
Léa présente son parcours : elle a d’abord une expérience théâtrale , elle a en parallèle suivi des études en sociologie de l’éducation et est également chanteuse. Antoine lui, est musicien (guitariste et bassiste), également musicien intervenant, il travaille aussi l’enregistrement, le montage et la synthèse sonore (outils MAO), et par extension le montage vidéo.
Dans le projet avec les jeunes arts plastiques, créations musicales, conte, théâtre seront convoqués pour traverser les parcours de femmes de sciences.
Les artistes travaillent d’ailleurs à une spectacle d’entresort sur l’effet Matilda et leur projet de création sera présenté au collège.
C’est Margaret Rossiter, historienne des sciences, qui dans les années 80, a théorisé l’effet Matilda, en remarquant que les femmes scientifiques profitent moins des retombées de leurs recherches, et ce souvent au profit des hommes. Elle nomme le fruit de ses propres recherches “effet Matilda” en hommage à la militante féministe Matilda Joslyn Gage qui, dès la fin du XIXème, avait remarqué qu’une minorité d’hommes avaient tendance à s’accaparer la pensée intellectuelle de femmes.
Le travail avec les jeunes se fera en 3 temps de création : un travail de recherche sur des femmes scientifiques, une écriture de textes et des captations sonores de ces textes, avec des synthèses de sons pour rythmer le récit.
4 groupes de travail seront constitués, les formes choisies pouvant varier d’un groupe à l’autre. Le travail enregistré permettra de plus facilement se focaliser sur le corps et le placement sur scène, plutôt que sur l’apprentissage de textes.
Le sujet des femmes scientifiques s’inscrit dans un contexte plus large d’inégalités filles-garçons.
Démarche scientifique
Les sciences humaines et sociales étudiant ces sujets d’un point de vue scientifique avec la démarche suivante :
- question : exemple : existe-t-il des inégalités de salaires entre femmes et hommes ?
- hypothèses : 1/ les femmes son moins diplômées – 2/ les femmes restent à la maison pour la vie familiale
- récolte de données : soit avec une perspective géographique restreinte (ex : la Bretagne), soit un secteur particulier (ex : les métiers scientifiques)
- analyses des données : imaginons 200 questionnaires, on regarde ensuite les corrélations. On peut regarder par exemple les inégalités d’accès au travail par zone géographique, les transports etc.
- restitution : comment sont transmis ces connaissances.
Il y a dans cette approche une méthodologie scientifique, comparable à celle que voient les élèves en SVT par ex.
Si on se demande pourquoi les femmes sont « invisibilisées » en science, on peut déjà s’interroger sur la manière dont on devient scientifique. Les accès aux études scientifiques étaient-ils égalitaires dans le passé entre les filles et les garçons ? La priorité de l’éducation revenait souvent aux garçons et les femmes étaient sous la tutelle d’hommes. On a aussi longtemps imaginé que les femmes étaient moins douées en science et on a souvent davantage relégué leurs compétences aux mondes des lettres et des arts.
Pourtant de nombreuses femmes de l’histoire ont construit de nombreux savoirs scientifiques.
Portraits de femmes scientifiques
-En SVT, l’enseignante Anne Sarda a parlé aux élèves pendant son cours sur la génétique de Marthe Gautier, médecin et directrice de recherche à l’INSERM, qui a jouée un rôle majeur dans la découverte du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21. C’est son collègue homme Jérôme Lejeune qui a néanmoins hérité de tous les lauriers de cette découverte, le rôle de Mme Gautier étant malheureusement resté longtemps méconnu.
–Maria Sibella Merian par exemple, entomologiste du 17e siècle a fait des observations très rigoureuses du monde du vivant, avec des planches de dessins très précises. C’est la première a représenter les insectes dans tous ses stades de développement (de l’œuf à l’imago), mais aussi des plantes sur lesquels ils vivaient, installant ainsi les bases de la notion d’écosystème. Pendant longtemps son travail n’a pas été reconnu, et relégué au second plan, classé parmi les beaux arts. Pourtant il s’agit aujourd’hui d’ouvrages de référence. Anna Maria Sibylla Merian a été la première naturaliste à entreprendre une expédition pour le Nouveau-Monde (forêts du Surinam) et à dépeindre diverses espèces d’insectes et de plantes tropicales avec précision et selon leurs couleurs naturelles tout en considérant leurs interactions avec leur milieu de vie. Sa principale œuvre, Metamorphosis Insectorum Surinamensium, a été saluée par certains de ses contemporains naturalistes européens.
-Les travaux précurseurs d’Ada Lovelace annoncent les prémices de l’informatique, dès le 19e siècle.
Léa et Antoine présentent aux élèves 2 vidéos montrant un portait d’Ada Lovelace.
D’un côté une blogueuse femme, parle face caméra et parle au spectateur, avec de nombreuses anecdotes, rendant ainsi le contenu très vivant et avec l’analyse d’une femme d’aujourd’hui.
De l’autre, une voix-off et une musique rapide, nous donne l’impression que tout va vite et laisse peu la place à l’analyse. Avec du texte écrit et parfois des lecture audios comme des témoignages.
La façon de traiter un contenu similaire donne un ressenti différent, ce qui est ici matière à réflexion.
-Les découvertes de Mary Anning, paléontologue autodidacte britannique du 19e siècle sont aussi évoqué. Elle est aujourd’hui reconnue comme une figure incontournable dans l’histoire de la paléontologie des vertébrés.
D’autres femmes scientifiques seront étudiées en classe et les élèves, par groupe, devront faire des choix et réaliser le portrait de 4 d’entre elles.
Michel Bouchet, Espace des sciences
