Les élèves de la classe projet du collège Emile Zola sont réunis ce matin dans l’amphithéâtre de sciences du collège-lycée. Le proviseur M. Lamache est dans la confidence, il accueille très sérieusement les élèves pour leur annoncer qu’un « représentant du ministère » a choisi leur classe pour représenter le collège. Tous les professeurs de la classe sont déjà là et attendent debout à l’arrière de la salle, leurs élèves. Impressionnés les élèves se rangent debout et en silence dans l’amphi. Le « représentant ministériel » accueil les élèves solennellement en leur expliquant que la séance sera enregistrée, filmée et analysée et qu’il s’agit d’un test pour évaluer l’attention en sciences, à l’échelle de toutes les régions françaises. Les élèves ne seront pas autorisés à prendre des notes mais devront se concentrer pour retenir le maximum de choses, car ils seront interrogés à l’issue de la présentation des expériences scientifiques. Pour se faire, le « ministère » a fait appel à l’association Amélycor ((Association pour la Mémoire du Lycée et du Collège de Rennes), afin de présenter des expériences historiques.
Horloge à balancier
Gérard Chapelan et Bertrand Wolff au nom de l’Amélycor présentent le principe d’une horloge ancienne à balancier (pendule). M. Wolff ne semble pas très satisfait sur le plan de la méthode, d’avoir été mobilisé de cette manière par le « ministère », il tient à le signaler en plénière, avant d’expliquer le fonctionnement des machines anciennes aux élèves.
Les 2 anciens professeurs du lycée disposent de 12 minutes pour présenter la machine, le chronomètre est lancé. La descente d’un poids constitue le moteur de l’horloge, un balancier est le régulateur du mouvement, enfin l’entretien du mouvement est assuré par un système d’échappement.
Vidéo de l’explication de cette horloge, par Bertrand Wolf (Lycée E.Zola – Rennes)
L’oscillation du balancier dure 2 secondes, 1 seconde pour l’aller et 1 seconde pour le retour. Le système d’échappement avec une dent qui « échappe » à chaque retour du balancier, appuie sur l’ancre qui est solidaire du balancier : le mouvement du balancier est ainsi relancé par cet ingénieux mécanisme. Le système ne s’arrêtera que lorsque le poids sera arrivé en bas de sa course, il faudra alors « remonter » l’horloge ! Les mouvements sont identiques à chaque seconde, on dit que l’horloge bat la seconde.
Glissement progressif
Le « représentant ministériel » pendant la présentation de M.Wolff laisse paraître de légers frémissements lors de passages vidéos explicatifs, dès qu’il y a une petite musique de fond. Il montrerait une certaine sensibilité musicale visiblement. Suite aux 12 minutes écoulées, il interpelle les élèves : « je vous sens un peu tendu, il faut que vous appreniez à vous détendre, c’est essentiel pour l’apprentissage ! ».
Il propose à toute la classe un temps de décontraction, basé sur la respiration. Les élèves doivent se lever, mettre les bras le long du corps, inspirer par le nez et souffler longuement par la bouche. Pour bien montrer les gestes il monte, à la surprise générale, sur la paillasse et s’y met debout. Les élèves doivent suivre ses mouvements et indications.
Il propose de tester la capacité de concentration des élèves en imposant des contraintes extérieures supplémentaires, une gestuelle imposée et une musique. La consigne est simple, il s’agit de découvrir une salle d’exposition où sont présentés les collections d’instruments scientifiques anciens et de déambuler en identifiant le maximum d’objets. Pour se faire il demande aux élèves de cheminer dans la salle des collections en se tenant par les épaules. Les élèves s’exécutent en silence. Il rajoute une musique perturbatrice : la danse des canards !
On voit esquisser des sourires difficilement retenus, chez les enseignants et chez quelques élèves qui commencent à comprendre la supercherie.
Le moment est décalé et le geste artistique assez beau compte tenu du sérieux des élèves dans cette déambulation, ils jouent le jeu et se concentrent sur les objets qu’ils découvrent pour la première fois.
La déambulation continue en marchant dans les couloirs jusque dans la salle Hébert, la grande salle de chimie devenue un véritable cabinet de curiosité.
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Michel Bouchet, Espace des sciences