Nombre des objectifs initiaux de La Science sur les Planches trouvent un écho dans les arts du cirque.
Le cirque est un art créatif et novateur, populaire et dynamique, reconnu pour être un moyen d’encourager l’estime de soi, la confiance en soi et dans les autres, l’écoute, l’imagination, la maîtrise du corps, l’expression corporelle, un moyen pour se dépasser, progresser ensemble et à son rythme.
La Plaine de Joie imagine aborder artistiquement le thème des ressources alimentaires du projet La Science sur les Planches sur l’axe Equilibre-Déséquilibre, qui permettrait à la fois visuellement de jouer sur l’équilibre des corps, des objets et des enjeux.
Le travail sur la notion d’équilibre permet le lien avec les sciences physiques : faire un parallèle entre la pratique physique de l’équilibre, le franchissement des lignes d’équilibre et l’histoire de la gravité, l’attraction physique du sol, l’inversion et le renversement : centre de gravité, polygone de sustentation…
Notre corps au quotidien peut sortir de sa zone d’équilibre : quelque chose qui nous échappe des mains, le fait de rater une marche, du plus petit degré de déplacement au plus grand. Il sera alors question de se mettre en quête du déséquilibre, de rechercher le point entre l’équilibre et le déséquilibre, l’entre-deux qui amène au point de basculement, d’éprouver le déséquilibre et de mettre en jeu les variétés des possibles.
Explorer l’équilibre, expérimenter les situations où les forces en présence sont égales, ou sont telles qu’aucune ne surpasse les autres, éprouver les forces de contact (traction ou poussée) ou concevoir des forces de distance (interaction sans se toucher).
Sur le plan symbolique cela pourrait être le fil à suivre tout au long de la création et appuyé par des matières visuelles (costumes, lumières…) et sonores (en voix-off ou au micro, écrits, poèmes, extrait d’un cours géopolitique…) pour être lisible et faire lien avec le thème et ses différents développements.
La roue allemande, bien qu’exigeante physiquement, est un agrès facile d’accès à tous les publics, qui offre aux initiés des possibilités de progrès et d’acquisition rapide de figures simples tout en procurant dès le tout-début de l’apprentissage de fortes sensations. Elle aborde de front la notion d’équilibre et de basculement, la maîtrise de la lenteur et de l’accélération, et se pratique seul ou à plusieurs.
Les acrobaties portées et le travail du corps permettraient quant à eux l’appréhension des différents mouvements possibles pour les corps : pousser, tirer, porter, s’élever, chuter… S’équilibrer, se déséquilibrer, dans des positions inhabituelles seul et/ou à plusieurs, puis avec une surface d’appui limitée ou en limitant le nombre d’appuis (2 pieds et 1 main, 1 seul pied, 1 pied et 1 autre appui…) ; se déplacer sur un objet de plus en plus étroit (petite poutre, cubes, briques…).
Le cirque contemporain encourage également le détournement d’objets pour jouer avec leurs propriétés, leur conférer une signification et ainsi faire passer un message autrement qu’avec les mots: jonglage et équilibre avec des assiettes, effeuiller, plier, déchirer des journaux, souffler sur une feuille, faire voler des plumes, jongler, compresser, faire du bruit avec des bouteilles plastiques…
Toutes ces directions artistiques permettraient de produire des formes collectives et individuelles avec au rendez-vous la performance technique, l’inventivité et l’émotion, faisant la part belle à l’imagination des élèves et leur donnant la possibilité de différer dans les postures et attitudes.
Par petites touches artistiques, il s’agira de mettre les jeunes en mouvement, les amener au delà du mouvement pour interroger les notions et les certitudes, déplacer l’angle de vue et inventer d’autres façons de regarder le monde, le quotidien (en haut d’une roue, debout sur une table, la tête en bas…), le décrire à partir d’un endroit hors du commun et en imaginer d’autres approches : et si on vivait «autrement» !
Tanguy Simmoneaux et Sandrine Ricard, compagnie la Plaine de Joie