Cette aventure est proposée à 29 élèves d’une classe de 4ème du collège Anne de Bretagne de Rennes. Deux professeures de l’établissement sont à l’origine du projet : Sylvie Milin professeure de sciences et Anne-Sophie Gourville professeure de français. Le professeur d’éducation musicale, Hugo Crognier, a par ailleurs été sollicité pour se joindre au projet.
Un thème : émission, transmission et réception d’une information
En lien avec le programme scolaire, les professeures ont choisi de lier leurs disciplines pour s’interroger sur l’émission, la transmission et la réception d’une information. Une information qui se transmet à l’échelle de l’infiniment grand cosmologique ou de « l’infiniment humain », information qui peut être de l’ordre du scientifique ou de la conversation privée. Nous porterons particulièrement notre intérêt sur la notion de transmission.
Dans quelle condition peut-on transmettre un message ? Quel milieu de propagation, quelle qualité d’écoute et de réception sont nécessaire ?
Peut-on être certain que l’information reçue soit la même que celle émise ? Quel est le délai de transmission ?
Il sera question de transformation, d’interprétation, de déformation, plus ou moins consciente, plus ou moins contrôlée…
Nous nous interrogerons sur la vitesse de la lumière. Une vitesse qu’on ne peut pas percevoir, et qui à notre échelle humaine laisse penser à une instantanéité de la transmission d’une information. Nous savons que si nous voyons cette étoile, c’est parce qu’elle est morte il y a des milliards d’années, mais comment peut-on rendre compte du délai à notre échelle humaine ? Et peut-être quelques part dans l’univers des messages sont-ils reçus, perçus de nous il y a des milliards d’années ? « Quand on regarde les étoiles, c’est le passé qui surgit ». John Banville
Peut-être y-a-t-il une part de liaison amoureuse entre les étoiles lointaines et le chercheur qui attendra toute sa vie un message qui ne viendra peut-être jamais …Et quel est le poids de la durée de sa vie par rapport à celle d’une étoile…
Ce thème de transmission sera mis en parallèle avec le quotidien des élèves et sera matière à s’interroger sur nos moyens de communication et leur utilisation.
On maile,
on like,
on partage,
on délike,
on tweet et retweet,
on s’instagramise,
on tchat
on snapshat,
on bloque,
on commente,
on ajoute,
on storrytelling
on suit, je suis, je te suis…
Je te poke et te clic, je follow, je post, j’aime, je tag ###
Les informations circulent, se partagent, se filtrent, se colorent, s’idéalisent, se conforment, on se conforte, on sait, on veut savoir, on est super-connecté. Mais de toutes ces informations émises, que reste-t-il ? À qui sont-elles adressées et qui les reçoit, vraiment ? Quelle est notre capacité de réception ? Quelle est la probabilité que dans ce flux intense, l’information soit bien reçu, par la bonne personne, dans les bonnes conditions ? Comment être certain de ne pas passer à coté d’une information cruciale ? Comment être certain que l’information que l’on partage soit juste ?
Comment appréhender le temps entre l’apparition du « lu » et la réponse de notre interlocuteur ? Comment combler ce silence, ce « manque » de réponse ? Cette insoutenable attente. Ces « … » qui apparaissent en bas de la fenêtre sont-ils la promesse d’un message à venir ? La question de l’attente sera également abordée, l’attente d’un signal qui viendrait appuyer la thèse d’un chercheur, l’attente d’une lettre amoureuse…
Nous souhaitons faire de ce projet une création qui porte la parole de jeunes. Leur donner la parole, sur le plateau, mais également tout au long du processus de création. Ils seront ainsi impliqués dans la réflexion et les prises de décisions.
Peu à peu, le groupe sera amené à prendre de l’autonomie, des missions pourront leur être confiées, des groupes se constitueront, chacun porteur d’une mission au sein du projet. C’est une création qui s’écrira ensemble, chacun devra trouver sa place, selon ses envies, ses compétences, les objectifs qu’il se fixera. Nous ferons en sortes de mettre en place plusieurs propositions afin que chacun ait envie de s’investir dans le projet et peu à peu dépasser ses propres limites. Nous travaillerons à partir d’improvisations qui leur permettront de faire des propositions et de développer un imaginaire commun. Chaque séquence de travail sera l’occasion d’un échange sur ce qui a été parcouru, ceci afin d’alimenter pas à pas notre propos et notre réflexion commune. Cette année encore nous mêlerons la vidéo au projet, sans doute imaginerons-nous une modalité de diffusion en adéquation avec notre thème de transmission.
Morien Nolot / porteur du projet – metteur en scène / cie Kislorod